Je ne sais pas si vous vous êtes déjà faits la réflexion, mais beaucoup de livres pour enfants ou comptines, que l'on considère comme des classiques, sont sexistes. En effet, ils donnent une image du couple, de la relation homme-femme/père-fille stéréotypée. Chacun à sa place, la femme à la cuisine, le mari au boulot, la fille joue à la poupée tandis que le garçon qui fait des bêtises.

Quelques exemples tout d'abord :

Roule Galette : 

[...]Le vieux dit à la vieille :
- J'aimerai bien manger une galette...
- Je pourrais t'en faire une si seulement j'avais de la farine.
- On va bien en trouver un peu, dit le vieux : montes au grenier, balaies le plancher et ramasses les grains de blé.[...]

La plus mignonne des petites souris :

Monsieur et Madame Rongetout ont une fille, qui est la plus mignonne des petites souris. Elle sait danser, tricoter, faire des gâteaux… Le temps est venu pour elle de se marier.[...]

Dans d'autres livres encore, c'est souvent un homme qui vient au secours d'une représentante du sexe féminin (le bûcheron dans Le Petit Chaperon Rouge), qui est le héros, etc. Regardez également la série des Tchoupi, elle est bourrée de stéréotypes. Ces stéréotypes peuvent prendre plusieurs formes :

Le partage des tâches

Lorsque les personnages sont des adultes, il n'est pas rare que ceux-ci soient assignés à des tâches stéréotypées : la femme fait la vaisselle et range la maison tandis que le mari lit son journal ou revient du travail après tout le monde. On transmet ainsi aux enfants des schémas de vie de famille d'une autre époque. Les interactions entre la mère et son enfant sont la plupart du temps éducatives (les devoirs, le rangement) ou du domaine des tâches et des routines (habillement, le bain, etc) tandis que le père va jouer au football avec son fils, lire une histoire à sa fille. A quand des livres où le père va chercher ses enfants à l'école tandis que sa femme a une réunion marketing importante ?

Les lieux

Cela rejoint le constat précédent : les filles, c'est à l'intérieur tandis que les garçon sont souvent à l'extérieur de la maison. On verra souvent les garçons au parc, au bois ou entrain de faire une activité sportive tandis que les filles jouent à la poupée dans leur chambre ou apprennent à faire un gâteau avec maman. Les sorties des filles sont réservées aux courses avec mamans ou pour aller dans une autre maison avec uniquement des personnages de sexe féminin. Les filles sont relativement sages par rapport aux garçons (moins de bêtises).

Le héros est un garçon

Il y a plus de livres avec un personnage central masculin. Mais pourquoi ? Tout simplement parce qu'un livre avec un personnage masculin est censé convenir aux enfants des deux sexes : On va lire un livre avec un personnage central masculin aussi bien à un garçon qu'à une fille mais pas l'inverse. On parle ici d'androcentrisme.

Des animaux forts pour les garçons et faibles pour les filles.

Lorsque les personnages principaux sont des animaux anthropomorphiques, les personnages de sexe masculin sont souvent représentés par des animaux forts (le loup, le renard, le cheval, le serpent, le chien) tandis que les personnages féminins héritent d'animaux moins forts (souris, abeilles, libellule, brebis). Et lorsque qu'il y a deux personnages représentés par le même animal mais de sexe opposé (papa et maman ours par exemple), on retrouve facilement lequel est la femme via ce qu'elle fait (tâches maternantes ou domestiques) ou ce qu'elle porte (accessoires, chiffon sur la tête, longs cils, tablier, etc).

C'est intéressant de voir à quel point on ne se rend pas compte de tous les clichés qui jalonnent les histoires que nous lisons à nos enfants avant qu'ils ne s'endorment. Les éditeurs ont fait des efforts ces dernières années pour proposer des livres moins stéréotypés mais on est encore loin d'avoir aujourd'hui la diversité nécessaire à une éducation moins basée sur les genres.