Je ne l’ai pas mis au monde, on me l’a sorti.

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\ Accouchement du 28 août 2011
t Durée : 8 heures et 45 minutes
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Etrangement, pas une seule fois au cours de ma grossesse je n’ai  songé à l’accouchement. Même les cours de préparation je les ai suivis en spectatrice sans jamais me sentir concernée par la chose.

A 15 jours du terme la gynéco me propose un décollement de membranes que je refuse. Je ne me sens pas prête et veux laisser notre bébé choisir le jour de sa venue.

Le 27 Août jour du terme j’ai rendez-vous à la maternité. La sage-femme qui m’examine me propose de nouveau un décollement de membranes que je refuse toujours pour les mêmes motifs.

A 18h je suis chez le coiffeur, pas une contraction, pas un signe, pas un pressentiment, rien  si ce n’est que, l’accouchement me parait toujours irréel. Je pars me coucher la tête vide.

28 Août – 3h45 du matin un « ploc » dans mon ventre me réveille. Je porte la main entre mes jambes et sent un liquide chaud couler. Je bondis hors du lit ; je perds les eaux et déconnecte au même instant quelques neurones de mon cerveau qui s’obstine à refuser l’issue pourtant évidente de la grossesse. Mon mari est en stress, il veut que l’on parte vite à la maternité mais pour moi il n’y a pas urgence : je lui dis de se doucher tranquillement pendant que je déjeune. Un an plus tard cela me semble hallucinant mais ma priorité à cet instant-là était de m’épiler les jambes puis de me faire prendre une dernière fois en photo enceinte. Mais alors que je prends la pose les contractions douloureuses entrent en scène et tout d’un coup il n’est plus question de trainer. Nous partons pour la maternité et sur le trajet les contractions s’intensifient, je morfle.

Aux urgences une heure plus tard on m’examine puis on me pose un monito. Je me sens mal, la douleur des contractions me donne envie de vomir.

La sage-femme me dit que je vais partir en salle d’accouchement et qu’on va me poser la péridurale. Je me dis que ce n’est pas possible aussi rapidement, qu’elle doit dire ça pour que je tienne bon et pourtant elle dit vrai : à 7h la péridurale est posée et 20 mn plus tard elle fait effet, plus une douleur, juste les contractions sur le monitoring. Je plaisante avec mon mari, lui dis que finalement ce n’est pas l’enfer d’accoucher. Je m’offre même une petite sieste.

C’est vers 10h30 que tout se gâte. Je commence à ressentir des douleurs de plus en plus intenses sur le périnée sans songer à activer la pompe de la péridurale tellement je focalise sur le mal. Les douleurs empirent, la pompe ne cesse de se désamorcer et de se mettre en alarme. La sage-femme constate que le liquide de la péridurale coule en dehors du tuyau et demande à l’anesthésiste de garde d’intervenir. Antipathique au possible il estime ne rien pouvoir faire ben voyons là je me dis qu’avec une femme ce serait différent, ce n’est pas lui qui douille.

A partir de ce moment là j’ai perdu pied. Cet enfer a duré 2 interminables heures où l’on m’a dit : on ne peut rien faire pour les douleurs, le bébé est mal positionné et ne descend pas, vous allez essayer de pousser…

Totalement focalisée sur cette douleur archaïque, primitive, j’ai hurlé à la mort comme une bête, mon mari était terrifié, impuissant, inutile. J’avais la certitude que de toutes façons  je ne saurai pas accoucher, n’arrivant pas à visualiser mentalement le processus malgré les explications des sages-femmes. Dans ma tête c’était clair : je ne pourrai pas c’était impossible.

Tout s’est accéléré d’un coup lorsque le cœur du bébé a donné des signes de souffrances : j’ai entendu les sages-femmes  parler de bloc, de césarienne, d’obstétricienne appelée en urgence. Elle est arrivée en moins de 3 minutes. Je revois sa tête entre mes jambes, son regard décidé planté dans le mien elle m’a dit « regardez-moi Madame, vous allez pousser 2 fois et votre bébé est là ».

Elle a demandé des spatules, j’ai hurlé de douleur, senti  toute la force avec laquelle elle tirait pour sortir la tête, re-hurlé comme une bête quand les épaules ont coincé et qu’elle a pratiqué une épisio et puis j’ai senti le reste du corps du bébé glisser hors du mien, on l’a posé sur moi. Mais après cette boucherie sans nom je n’avais pas la force de le rencontrer à cet instant.

J’ai demandé qu’on me le prenne, qu’on le prépare, puis qu’on le donne à mon mari. Il m’a fallu le temps de la délivrance pour reprendre un peu mes esprits et craquer vraiment. Mon mari est revenu, une puéricultrice nous a apporté  notre bébé et l’a mis en peau à peau sur son Papa. Je les ai pris tous les deux en photos sans parvenir à réaliser que c’était notre fils, qu’il était là, avec nous pour la vie, que c’était ce petit être qui avait grandi dans mon ventre. Ce sentiment étrange  a duré 2 jours.

Avec Hector, nous nous sommes rencontrés au matin du 3ème jour quand je me suis penchée au dessus de son berceau et que j’y ai découvert les traits de son Papa. C’est à cet instant précis qu’il est devenu mon fils et que ce lien magique, inexplicable, s’est tissé entre nous.

Si la maternité est une révélation, le souvenir de mon accouchement reste quant à lui un pur cauchemar même 11 mois et tant de bonheurs plus tard. La pensée qui ne me sortira plus de la mémoire c’est que je croyais qu’on mourrait avant d’avoir aussi mal. Je n’ai trouvé aucune justification à cette douleur effroyable de l’accouchement, aucun moyen de la dépasser. Je suis sortie en miettes.

 

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